Du 17 au 19 novembre 2023, toute la Suisse se réunira pour raconter des histoires! Des personnes de tous âges se racontent mutuellement leurs vécus et leurs expériences. Vous avez envie de découvrir de nouvelles histoires de vie? Trouvez un café-récits dans votre région et participez-y.
Le week-end du 17 au 19 novembre 2023, une cinquantaine de cafés-récits sur le thème de l’écoute auront lieu dans toute la Suisse. Les animateurs et animatrices se réjouissent d’accueillir de nombreuses personnes intéressées, toutes générations confondues, pour vivre une expérience particulière. Ceux qui souhaitent encore proposer un café-récit à court terme trouveront des informations ici et peuvent volontiers s’annoncer auprès de Anne-Marie Nicole.
L’école de Poschiavo a activement participé à la Journée internationale de la démocratie le 15 septembre 2023 en organisant un café-récits inspirant. Les neuf classes de notre établissement, qui compte environ 130 élèves, se sont réunies avec leurs enseignants et quelques membres du Parlement des jeunes pour discuter des divers aspects de la démocratie. Catia Curti, responsable du secondaire I des écoles de Poschiavo, partage avec enthousiasme les détails de cette journée particulière.
«Puissante, intense et libératrice.» C’est en ces termes que les élèves de la GSI de Poschiavo ont décrit l’expérience vécue lors de ce café-récits consacré à la démocratie. Pendant une heure et demie, les conversations ont été animées et les débats soutenus, des voix passionnées se sont parfois élevées et quelques larmes ont coulé, aussi. Les membres du Parlement des jeunes, constitué d’élèves de troisième année qui défendent les besoins des jeunes de la vallée depuis l’année dernière, ont choisi un thème très varié en lien avec la démocratie et l’ont présenté à l’ensemble des classes.
Au cours des discussions, des questions telles que la liberté d’expression ont été abordées. Celles et ceux qui ne se sentent pas toujours libres de s’exprimer et de faire part de leur opinion, que ce soit au sein de leur famille, à l’école ou avec leurs amis, ont partagé leurs expériences. Les conflits, tant à l’échelle mondiale qu’au niveau personnel, ont été évoqués. Des réflexions approfondies ont été menées sur la véritable signification de l’égalité et sur les progrès qui restent à réaliser, que ce soit dans le contexte multiculturel mondial ou dans notre réalité locale. Les discussions ont également porté sur le processus électoral, que ce soit en élisant des représentant-es ou en votant pour les membres du Parlement des jeunes au sein de l’école. Des idées ont même été proposées pour soutenir des initiatives culturelles dans le cadre de nos programmes éducatifs. La notion de bien public a été explorée, ainsi que les devoirs individuels visant à préserver et à respecter le bien commun.
Chacune des classes, chaque groupe et chaque élève a eu l’opportunité, au cours de ces près de deux heures de discussion, d’exprimer ses réflexions et ses émotions. Cela a été l’occasion de parler de sujets auxquels les jeunes accordent souvent peu d’attention, mais qui demeurent extrêmement pertinents et importants. Tous ont participé avec une grande maturité et une conviction profonde, maintenant un niveau de discussion des plus élevés. Le café-récits a remporté un franc succès, suscitant de nombreuses demandes pour la prochaine édition.
Il arrive souvent que nous considérons la simple discussion comme une perte de temps dans le tourbillon de la vie quotidienne. Pourtant, il s’agit d’une pratique saine et utile. Le partage d’idées, l’échange d’opinions et le dialogue sont inhérents à la nature humaine. Et quoi de mieux qu’un café-récits pour parler de ce qui rend les individus heureux et libres: la démocratie!
Catia Curti, responsable du secondaire I des écoles de Poschiavo
Natalie Freitag a animé l’intervision #8 du 24 août 2023, à Bâle. À cette occasion, les animatrices et animateurs ont notamment échangé sur la taille idéale des groupes pour les cafés-récits. Elle nous rend compte des réflexions qui en ont découlé.
Douze animatrices et animateurs du Réseau Café-récits ont participé à l’intervision 2023 à Bâle. Ils se sont rencontrés pour échanger sur le thème «Les cafés-récits en grands groupes». Les discussions étaient déjà bien animées avant le début de l’événement, autour d’un café-croissants. Les participant-es ont commencé par un café-récits sur le thème de l’été. Marcher pieds nus pour bien illustrer l’été, les cris des enfants à la piscine, la liberté de vivre un autre rythme au quotidien, mais aussi les grandes vacances scolaires: les souvenirs d’enfance se ressemblent. Inévitablement, la conversation a aussi dévié sur les nombreux parfums de glaces proposés dans les piscines publiques. Étonnamment, tous les membres du groupe avaient une glace préférée différente!
Expériences avec des groupes plus importants
Johanna Kohn et Claudia Sollberger ont ensuite parlé de leurs expériences avec de grands groupes et ont posé quelques questions aux personnes présentes:
Quelle est la taille idéale d’un groupe pour un café-récits?
Combien de personnes au minimum doivent être présentes pour qu’un dialogue s’engage?
Et à partir de combien de personnes devient-il difficile d’animer seul-e un café-récits?
De par leurs expériences, la professeure et l’animatrice expérimentée connaissent bien l’animation de groupes de 50 ou 100 personnes. De nombreuses idées ont émergé sur la manière dont l’animatrice ou l’animateur peut réagir lorsqu’un café-récits rassemble plus de monde que prévu:
Pour que ce format soit applicable lors de manifestations plus importantes, il est possible de lancer une petite session de café-récits sur la scène. Le public peut alors suivre passivement le café-récits. Le cercle de discussion peut ensuite être ouvert à tout le monde.
Une animatrice ou un animateur peut répartir le grand groupe en plusieurs tables. L’idéal est alors de disposer d’une personne par table pour animer la discussion. Les questions posées aux nombreux petits groupes autour des tables sont ensuite reprises en plénière.
L’animatrice ou l’animateur conserve le grand groupe, mais avec l’aide de personnes qui peuvent par exemple apporter le micro aux personnes qui souhaitent s’exprimer.
Bien informer le mandant
La discussion a entraîné d’autres retours d’expériences des personnes présentes, avec différentes tailles de groupes et a donné lieu, au cours de l’après-midi, à des échanges très intéressants sur le paiement, l’inscription et l’annulation de l’inscription. Une idée importante qui a surgi est que les mandants doivent être bien informés et briefés pour ne pas susciter de fausses attentes. Souvent, ils ne connaissent pas très bien l’offre et peuvent avoir une autre représentation de ce qu’un café-récits peut apporter.
Les participant-es ont conclu des discussions que les cafés-récits sont également possibles en grands groupes. Le Réseau Café-récits encourage toutes les animatrices et animateurs à se lancer dans l’aventure et à acquérir de l’expérience.
A l’issue de la rencontre, les participant-es ont dégusté un délicieux repas préparé par le Restaurant du cœur, en profitant de la fraîcheur du jardin de la maison Zwingli. Tout le monde était d’accord pour dire que la journée avait été profitable: les échanges, la cohésion du groupe et les nombreuses idées pour le travail de chacune et chacun. Merci à toutes celles et ceux qui ont participé et apporté leur contribution!
D’ailleurs, nos «Stammtisch» en ligne sont aussi de formidables occasions d’échanger brièvement sans avoir à se déplacer! À retrouver sur l’Agenda.
À propos de l’auteure:
Natalie Freitag est coordinatrice régionale du réseau en Suisse alémanique. La native de Suisse orientale a animé la rencontre et la résume ainsi: «Je vous encourage à préparer soigneusement les cafés-récits pour lesquels un seul cercle de chaises ne suffit plus.»
La Coordination Pedibus Vaud a choisi le format des cafés-récits pour promouvoir ses activités intergénérationnelles auprès de la population âgée et renforcer les liens entre les seniors et les enfants des écoles et des structures d’accueil parascolaire. Ensemble, ces deux publics ont partagé leurs récits et leurs expériences «sur le chemin de l’école».
Propos recueillis par Anne-Marie Nicole
Vanessa Merminod, qu’est-ce que le Pedibus?
Le Pedibus est une campagne de l’ATE, Association transports et environnement. C’est un système d’accompagnement des enfants entre 4 et 8 ans qui vont à l’école à pied, sous la conduite d’une personne adulte. Généralement, ce sont les parents qui accompagnent les enfants sur les lignes Pedibus, à tour de rôle. Dans le cadre du Pedibus intergénérationnel, nous voulons sensibiliser les seniors à la mobilité douce, à l’activité physique et à la cohésion sociale en leur proposant de se joindre à une ligne Pedibus.
Pourquoi avoir choisi le format des cafés-récits?
Notre objectif était de renforcer les liens intergénérationnels entre des publics qui ne se connaissent pas forcément, mais qui se côtoient dans le même quartier. Le café-récit est une bonne façon de faire se rencontrer les seniors et les enfants, et de les inviter à échanger et partager leurs expériences et leurs histoires sur un thème que tout le monde connaît ou a connu: le chemin de l’école.
Comment se sont déroulés ces café-récits?
Deux cafés-récits se sont déroulés début février de cette année, au Centre du Panorama, un lieu d’accueil et de rencontre pour seniors, à Vevey. Les seniors ont ainsi invité les enfants et leurs éducatrices et éducateurs «chez eux», dans un lieu qui leur est familier. Comme il y avait beaucoup de monde, nous avons dû organiser deux cafés-récits en parallèle, de vingt personnes chacun, animés par Daniela Hersch et Evelyne Mertens. Un troisième café-récits a eu lieu à Morges, dans le cadre de l’activité parascolaire. Là, ce sont les enfants qui ont reçu les seniors sur «leur terrain». Pour faciliter la parole, les animatrices avaient apporté des images suggestives en lien avec le chemin de l’école. À la fin, nous avons offert à chacune et chacun une boîte à goûter – un objet souvenir qui convient bien à toutes les générations !
Comment ces cafés-récits ont-ils été accueillis par les participant·es?
Les échos que nous avons reçus étaient très positifs et enthousiastes. Les seniors étaient contents de participer à une activité intergénérationnelle et les enfants de faire quelque chose de différent, hors du contexte habituel. Toutes et tous ont raconté avec plaisir leurs récits en lien avec le chemin de l’école. C’est un thème qui était particulièrement bien adapté à toutes les générations ! Les règles énoncées au début du café-récits ont été très appréciées, surtout celle qui dit qu’on est obligé d’écouter, mais pas de parler ! À force d’écouter les récits des autres, même les personnes réticentes ont pris confiance et se sont exprimées. Même les enfants les plus jeunes ont maintenu leur attention dans l’échange durant 45 minutes !
Y a-t-il un moment qui vous a particulièrement marquée?
Certainement: quelle que soit l’époque, le chemin de l’école semble avoir toujours été un moment d’amitié privilégié. Le récit d’une travailleuse sociale d’une vingtaine d’années qui accompagnait les enfants a fait écho à celui d’une senior qui a raconté avoir fait le chemin de l’école avec sa meilleure amie et qui l’est restée toute sa vie. Moi aussi, je me souviens de ce moment où on se racontait tout. A contrario, un enfant a raconté que son copain avait déménagé et qu’il était triste de ne plus pouvoir faire le chemin avec lui ni lui raconter ses histoires.
Quels sont les défis particuliers des cafés-récits intergénérationnels?
Nous sommes encore dans une période post-covid où il faut relancer certaines activités. À Vevey comme à Morges, nous avons pris conscience de l’importance du lieu choisi, d’autant plus qu’il s’agissait d’une activité nouvelle: le cadre familier a permis de mettre en confiance, tant les seniors que les enfants… même si les enfants sont parfois plus timides pour prendre la parole ! La question de la parité des participant·es s’est aussi posée. Dans la logique des lieux où se sont déroulés les cafés-récits, il y a eu davantage de seniors à Vevey, et davantage d’enfants à Morges. Enfin, nous sommes parfois tenus par des questions d’organisation des structures. Par exemple, à Morges, nous avons dû prévoir le goûter avant l’échange. Mais cela a permis de créer des liens déjà à ce moment-là et de faciliter ensuite la prise de parole.
Quelle suite envisagez-vous?
C’est certainement une formule que nous allons poursuivre, parallèlement à d’autres activités artistiques et balades dans la nature, qui toutes se réfèrent aux valeurs du Pedibus: la cohésion sociale, le sentiment de communauté, la sécurité et les liens intergénérationnels.
Vanessa Merminod
Vanessa Merminod est la coordinatrice de Pedibus Vaud de l’Association transports et environnement. À ce titre, elle conduit des actions de promotion pour faire connaître le dispositif Pedibus sur le territoire cantonal et collabore avec les communes, les écoles, la police de la prévention routière, etc. Elle sensibilise et accompagne les parents dans la création de lignes Pedibus.
Nino Züllig a émigré très jeune de la Géorgie vers l’Allemagne. Depuis 2014, elle vit à Bâle et y travaille en tant qu’interprète. L’animatrice a organisé des cafés-récits interculturels avec l’EPER deux Bâle. Des personnes originaires d’Ukraine et de Géorgie y ont parlé de leur pays et de leur vie en Suisse.
Te souviens-tu de ton premier café-récits?
Nino Züllig: Oui, bien sûr! Dans le cadre du projet «Âge et migration», l’EPER deux Bâle souhaitait proposer des cafés-récits à des personnes âgées immigrées. Cela faisait longtemps que j’interprétais pour l’EPER et ils savaient donc que je parlais russe. C’est au printemps 2022 que j’ai animé mon premier café-récits. Des réfugiées ukrainiennes et un couple de Géorgiens de ma connaissance sont venus.
Pourquoi avez-vous choisi la langue russe pour ce café-récits?
De nombreux Ukrainien-nes sont bilingues et parlent le russe en plus de l’Ukrainien, leur langue maternelle. En Géorgie, ce sont généralement les personnes âgées qui peuvent encore s’exprimer en russe. Le russe s’est donc imposé comme notre langue commune.
Comment une Ukrainienne ressent-elle un café-récits en russe?
J’étais consciente que je devais être très prudente en proposant un café-récits interculturel en russe. On ne peut pas ignorer la politique. Normalement, un café-récits est un moment détendu et agréable. Dans mes cafés-récits, la guerre est toujours présente. En tant qu’animatrice, je dois faire preuve de beaucoup de tact pour que la discussion reste calme et paisible et que les gens se sentent à l’aise, ceux qui aiment parler russe, tout autant que ceux qui n’aiment pas cette langue. Je pense qu’on m’accepte mieux parce que je suis originaire de Géorgie et que je comprends les deux parties.
Quel conseil donnerais-tu?
Il arrive souvent qu’une Ukrainienne reçoive un message de son mari à la guerre pendant le café-récits et soit donc distraite. Je comprends qu’elle ait alors l’envie d’en parler. En tant qu’animatrice, je dois y répondre et l’accepter, tout en revenant ensuite au sujet principal. Le café-récits doit être un lieu de détente où l’on peut parler d’autre chose. Mon conseil aux animatrices et animateurs: changer de sujet lentement et prudemment.
Quels sont tes thèmes favoris?
Le premier thème que j’ai choisi était «Moi, en Suisse». Les membres du groupe ont réfléchi à leur ressenti, à leur passé et aux difficultés auxquelles ils devaient faire face. J’ai ensuite mis le doigt sur un autre sujet: «Vivre bien et à moindre coût en Suisse». Cela a donné lieu à un échange d’expériences rempli d’idées. Ensuite, lorsque j’ai pris un rythme normal, j’ai aussi choisi des thèmes plus joyeux comme «Beau et à la mode».
Ce sont surtout les personnes de 55 ans et plus qui participent à ton café-récits, qu’est-ce qui leur pose le plus de problèmes?
La langue allemande est la problématique principale. Les personnes âgées n’apprennent plus aussi facilement. Plus on vieillit, plus la migration est difficile. On arrive dans un endroit où l’on ne parle pas la langue, où l’on ne connaît pas la culture: on va au-devant de l’inconnu. J’organise ces cafés-récits avec mon cœur, parce que je comprends bien les préoccupations des gens.
Qu’est-ce qui t’a le plus surpris?
À chaque fois, il y a des moments révélateurs. Quel que soit l’endroit où les gens ont grandi, certaines choses sont identiques partout. Une fois, nous avons organisé un café-récits avec des personnes originaires de Suisse, d’Ukraine et de Géorgie. Nous avons alors réalisé que lorsqu’ils étaient enfants, ils jouaient aux mêmes jeux et aimaient manger les mêmes choses. En résumé: le monde est petit et nous ne sommes pas si différents les uns des autres.
Interview: Anina Torrado Lara
Légende de la photo: Nino Züllig a choisi le thème de la confection de biscuits pour son café-récits.
Personnel
Nino Züllig a étudié l’allemand en Géorgie et s’est installée très jeune en Allemagne. En 2014, elle a suivi son mari à Bâle. Elle travaille comme interprète interculturelle et organise régulièrement des cafés-récits. Pendant son temps libre, elle aime se promener dans la nature sauvage avec sa famille.
Cafés-récits interculturels
Depuis 2022, le bureau de l’EPER deux Bâle propose des cafés-récits dans le cadre du projet «Âge et migration». Six médiatrices et médiateurs interculturels se sont formés auprès de Johanna Kohn et proposent depuis lors des cafés-récits dans différentes langues. Les cafés-récits vont se poursuivre cette année. Ils sont thématiquement liés à d’autres offres d’«Âge et migration deux Bâle».
Entre juin et décembre 2022, à la demande de la Ville de Genève, j’ai animé une dizaine de cafés-récits avec des résidentes et résidents vivant en établissement médico-social. Une expérience humaine riche, qui demande plus qu’ailleurs une capacité d’adaptation et de la créativité face à l’imprévu.
Anne-Marie Nicole
«Qu’allez-vous nous raconter aujourd’hui?» Cette question m’est immanquablement adressée lorsque je suis appelée à animer un café-récits avec des personnes âgées vivant en établissement médico-social (EMS), avant même que j’aie eu le temps de leur expliquer l’idée et le déroulement du café-récits auquel elles ont été conviées. Et immanquablement je leur réponds, avec un large sourire que j’espère avenant et rassurant: «Ce n’est pas moi, mais c’est vous qui allez raconter!», suscitant l’étonnement chez nombre d’entre elles. Cette entrée en matière me laisse penser que parler de soi et de son vécu, en EMS, est davantage réservé aux discussions en tête-à-tête ou à l’intimité de la chambre.
À la demande du Département de la culture et de la transition numérique (DCTN) de la Ville de Genève, des cafés-récits ont été proposés à des clubs de seniors et des établissements médico-sociaux (EMS), en marge de la promotion du site internet mirabilia.ch. L’objectif était de faire connaître cette nouvelle plateforme numérique à un public de seniors et de les sensibiliser à la richesse du patrimoine des musées et institutions culturelles de la Ville. Ainsi, entre juin et décembre 2022, quinze cafés-récits ont été organisés, la plupart en EMS, sur des sujets s’inspirant des thèmes de mirabilia.ch, en l’occurrence celui du voyage.
Mieux se connaître… même si on se connaît déjà
De façon générale, et même si leur plaisir de participer n’était pas toujours très manifeste de prime abord, les résidentes et résidents des EMS ont particulièrement apprécié ces moments de conversation respectueuse et d’écoute bienveillante. Si ces rendez-vous n’ont pas pleinement répondu à l’objectif de promotion du site mirabilia.ch, ils ont permis aux participant·es de s’exprimer, de se raconter, de se découvrir et de mieux se connaître, quand bien même ils se côtoient au quotidien.
Surtout, les cafés-récits ont (re)donné à chacune et chacun une place singulière et une identité individuelle dans le collectif, et valorisé leurs récits personnels avec d’autant plus de force que tout le monde écoutait attentivement, sans interrompre, sans commenter, sans juger. «Contrairement à d’habitude, ils se sont écoutés les uns les autres, sans se couper la parole ni se contredire», a remarqué une professionnelle d’un établissement. Les règles de discussion qui président aux cafés-récits, et qui peuvent paraître évidentes, prennent ici toute leur importance.
Adaptation et créativité
L’animation de cafés-récits avec des personnes âgées dont les capacités fonctionnelles, cognitives ou sociales déclinent pose aussi des défis particuliers. Il faut alors avoir la capacité de s’adapter aux imprévus et faire preuve de créativité «pour s’écarter du déroulement méthodologique prévu et y revenir lorsque cela représente un bénéfice pour les participant·es en termes de reconnaissance, d’expérience et d’interactions entre eux», comme le souligne Johanna Kohn, professeure à l’Institut d’intégration et de participation de la Haute école de travail social du nord-ouest de la Suisse et membre de l’équipe du Réseau Café-récits Suisse*.
Outre les va-et-vient de soignant·es dans l’espace réservé au café-récits, ici pour administrer un médicament à heure fixe, là pour accompagner une résidente à sa visite médicale, ailleurs encore pour intégrer dans le groupe un résident qui avait fait une sieste prolongée, des ajustements sont nécessaires en permanence. Les plus fréquents ont porté sur les quatre points suivants:
Le rythme: avec l’âge, le rythme ralentit. Il convient donc d’adapter la façon dont on s’adresse aux personnes, de leur laisser le temps d’intégrer la question, de chercher leurs mots pour s’exprimer, de reformuler si nécessaire, de simplifier aussi les questions.
Le fil rouge: le fil rouge du café-récits est parfois difficile à maintenir, tant du point de vue thématique, car les résident·es ont aussi besoin d’aborder des préoccupations de leur quotidien, que chronologiques, car il est plus difficile pour eux de se raconter au présent, voire de se projeter dans l’avenir.
La prise de parole: plus que d’autres publics, les personnes âgées qui ont participé aux cafés-récits en EMS ont eu, me semble-t-il, davantage de peine à prendre spontanément la parole. Dès lors, un tour de table en début de rencontre, afin que chacune et chacun puisse donner son prénom et faire entendre sa voix au moins une fois, a permis d’instaurer un climat de confiance et, ensuite, de solliciter par leur prénom les personnes qui semblaient vouloir s’exprimer mais qui n’osaient pas prendre la parole sans y avoir été invitées.
L’audition: de nombreuses personnes âgées rencontrent des problèmes d’audition. Il est donc important de parler fort et lentement. Malheureusement, cela ne suffit pas toujours, créant parfois des frustrations et de l’agacement dans le groupe. Dans un établissement, un résident atteint de troubles auditifs a été équipé d’un casque amplificateur de son, relié à un micro. De façon très naturelle, le micro est devenu un «bâton de parole», dont se sont emparés, chacune à son tour, les personnes qui souhaitaient raconter.
L’émotion a aussi eu toute sa place dans ces rencontres en EMS, que ce soit avec des rires ou des larmes. «De nouveaux liens se sont tissés entre des personnes qui avaient des points communs dans leurs histoires de vie mais qui l’ignoraient», a rapporté, quelques jours plus tard, une professionnelle présente au café-récits. «Une sorte de complicité s’est instaurée entre les personnes qui ont participé, avec le sentiment d’avoir vécu ensemble quelque chose de particulier.»
*Johanna Kohn, «EB Erwachsenenbildung. Vierteljahresschrift für Theorie und Praxis», Cahier 4, 66e année, 2020, édité par Katholischen Erwachsenenbildung Deutschland –Bundesarbeitsgemeinschaft e. V.
Le Réseau Café-récits suisse devient une association. L’équipe de projet actuelle continuera de soutenir la diffusion de cafés-récits animés avec soin.
Le Réseau Café-récits Suisse a été lancé en 2015 par le Pour-cent culturel Migros et la Haute école spécialisée du Nord-Ouest de la Suisse. Ces dernières années, il est devenu un réseau national de personnes qui se laissent inspirer par la méthode du café-récits.
Le Pour-cent culturel Migros renforce la cohésion sociale. Il se confronte continuellement aux développements sociétaux actuels et crée des incitations à agir qui sont limitées dans le temps. Le Pour-cent culturel Migros a étroitement accompagné le Réseau Café-récits durant la phase pilote et la mise en place.
Désormais, le Réseau Café-récits va poursuivre son développement en devenant une association indépendante gérée par un nouvel organisme responsable. Afin de garantir la viabilité du réseau, le Pour-cent culturel Migros continuera de l’accompagner pendant les années 2023 et 2024.
Rhea Braunwalder et Marcello Martinoni vous informeront volontiers personnellement sur les changements:
le lundi 5 décembre, de 12 h 30 à 13 h 30 sur Zoom.
Nous serions heureux que vous continuiez à soutenir le réseau sous sa nouvelle forme. En cas de questions, Marcello Martinoni (en italien), Anne-Marie Nicole (en français) et Rhea Braunwalder (en allemand) se tiennent à votre disposition.
Sans doute peut-on dire d’un café-récits qu’il fut intense, émouvant, touchant, léger, joyeux, ou grave. Mais peut-on dire qu’il fut réussi ou, à contrario, qu’il ne le fut pas ? Dire qu’il ne le fut pas, ne serait-ce pas mettre en doute la qualité des récits partagés ? Retour d’expérience.
Texte : Anne-Marie Nicole
Début décembre 2021, le Musée Ariana, à Genève, a organisé un week-end participatif et festif « L’art pour tous, tous pour l’art » dédié à l’inclusion et à la diversité des publics, avec une programmation culturelle favorisant la pluralité des regards sur les activités. Dans ce cadre, deux cafés-récits ont été proposés. Par le passé, d’autres cafés-récits avaient déjà été organisés au musée, à l’initiative de Sabine, médiatrice culturelle. Lors de ces rencontres, le Musée Ariana souhaitait mettre à disposition du public l’espace muséal et les bienfaits de la conversation bienveillante.
« Nous sommes restées sur notre faim »
Le thème « Plaisirs et déplaisirs » a été retenu, lequel devait permettre d’évoquer les petits plaisirs qui font le sel de la vie et qui, comme une Madeleine de Proust, replonge les personnes dans les odeurs et les émotions de leur enfance. Et puisque ce week-end visait à solliciter les capacités sensorielles des publics attendus, ce thème devait donc également inviter à parler des souvenirs et des expériences sensorielles : le plaisir et le déplaisir des sens, le goût et le dégoût, les bonnes et les mauvaises odeurs, la vue et l’ouïe qui peuvent réjouir mais dont certaines personnes sont privées…
Le samedi, à l’issue du premier café-récits, qui a réuni une douzaine de personnes avec et sans handicap, nous, animatrices et médiatrices, sommes restées sur notre faim, avec le sentiment de quelque chose de décousu et d’inabouti. Nous avions encore en mémoire les précédents cafés-récits, riches et émouvants, où les propos s’enchaînaient naturellement et où les histoires des uns faisaient écho chez les autres. Mais là, malgré la richesse de quelques témoignages et une traduction en langue des signes qui a dynamisé les échanges, nous étions déçues. Qu’est-ce qui n’avait pas fonctionné ?
Des causes diverses
Nous avons identifié des causes qui relèvent, d’une part de conditions externes, d’autre part de la préparation du café-récits.
L’environnement. Les conditions d’accueil étaient encore soumises aux mesures de protection sanitaires contre le Covid-19. Par conséquent, la grande salle avait été largement aérée et la température relativement fraîche incitait à garder les manteaux. Les sièges très espacés formaient un large cercle, privant le groupe d’une certaine intimité. Le port du masque rendait parfois les propos difficilement audibles. Les bruits provenant des autres activités dans le musée perturbaient l’écoute et l’attention, de même qu’un certain va-et-vient dans la salle, avec des personnes arrivées tardivement et qui n’avaient, par conséquent, pas connaissance du déroulement ni des consignes d’un café-récits. Enfin, toujours en raison des mesures sanitaires, nous avons dû renoncer à la partie « café » informelle qui est pourtant un moment essentiel pour tisser les liens.
La préparation. Après réflexion, je dois reconnaître que j’ai perdu de vue le contexte dans lequel se déroulaient ces deux cafés-récits. Plutôt que valoriser les expériences sensorielles que les participantes et participants venaient de vivre durant la journée au musée et de mettre ce vécu en relation avec des souvenirs et des événements passés, j’ai abordé trop largement le thème des « Plaisirs et déplaisirs ». Cela explique certainement un déroulement décousu et parfois incohérent, et sans doute aussi la frustration de certaines personnes de n’avoir pas pu s’exprimer sur les découvertes et les sensations vécues le jour même.
Le groupe. À cela s’est ajoutée la question de la diversité des publics : des personnes en situation de handicap physique ou psychique, leurs proches et leurs accompagnant·es. Avec le recul, je pense que je / nous aurions dû davantage travailler sur la dimension inclusive de l’animation du café-récits, par exemple en associant à l’animation une personne en situation de handicap.
Apprendre de ses erreurs
Pour le deuxième café-récits, nous avons entrepris des ajustements, principalement d’ordre logistique – par exemple, nous avons fermé la porte de la salle à l’heure annoncée pour le début du café-récits. Les considérations liées à la préparation du thème et à l’accueil de la diversité des publics sont venues ultérieurement, après un moment d’échange entre animatrices et médiatrices et un temps de réflexion personnelle.
Cette expérience m’a appris que chaque café-récits est unique, avec son rythme, sa dynamique et son atmosphère. Elle m’a surtout convaincue, certes de l’importance de choisir un lieu chaleureux, convivial et rassurant, mais aussi de l’importance d’une bonne préparation : prendre le temps de réfléchir au thème choisi, par rapport à soi-même d’abord, mais aussi en fonction du public attendu. Pour mieux, ensuite, dérouler le fil de la conversation.
Pour des cafés-récits réussis
Or, les récits ne se jugent ni ne s’évaluent ; ils ne sont ni bons ni mauvais, ni justes ni faux. Ils sont, simplement. Non, les causes d’un café-récits « manqué » sont à chercher ailleurs : dans la préparation, la connaissance préalable et l’accueil du public ainsi que dans l’environnement.
Guide pratique
Le Guide pratique du Réseau Cafés-récits aide les animateur·trices et les organisateur·trices à préparer et à conduire des cafés-récits.
Lilian Fankhauser anime des cafés-récits et adore les récits de vie. Avec six camarades d’études, elle a fondé une association qui promeut la narration de récits de vie (Verein zur Förderung lebensgeschichtlichen Erzählens). Elle nous dévoile comment faire sortir les plus timides de leur réserve et pourquoi partager des souvenirs rend heureux.
Interview: Anina Torrado Lara
Photos: privées
Qu’est-ce qui vous a amenée à la narration de récits de vie?
Lilian Fankhauser – Le CAS «Lebenserzählungen und Lebensgeschichten» (Récits de vie et accompagnement biographique) de l’Université de Fribourg m’a ouvert la voie. Cette formation fantastique m’a appris à mettre un espace de narration à disposition d’autres personnes et à les encourager à partager leurs souvenirs. Avec six étudiantes rencontrées lors de cette formation, nous avons fondé une association qui promeut la narration de récits de vie pour rester en contact et continuer à échanger.
Comment encouragez-vous les personnes timides à partager leurs expériences?
Il existe des techniques de modération. Comme dans le journalisme, on peut formuler ses questions de façon légèrement différente: plutôt que demander quels pays une personne a visités, je lui demanderais: «Qu’as-tu ressenti, la première fois que tu étais à l’étranger? Qui était du voyage?» Il ne s’agit pas de la route du voyage, mais des sentiments, des expériences et des émotions.
Cela doit être une tâche ardue dans notre société axée sur la performance.
En effet, il faut se libérer des schémas narratifs habituels. De nombreuses personnes ont l’habitude de présenter leur parcours comme dans un CV. Mais partager des récits de vie est autrement plus complexe, car on s’intéresse aux émotions et aux expériences faites au cours d’une vie. Les souvenirs nous aident à classifier ce que nous entendons, voyons et faisons.
Sous quelle forme la narration de récits de vie peut-elle se dérouler?
Outre les cafés-récits, les formats peuvent être multiples. Une metteuse en scène a, par exemple, réalisé une pièce de théâtre avec la brasserie Cardinal lorsque cette dernière a fermé ses portes. Les collaboratrices et collaborateurs y ont thématisé leur ressenti, ce qui leur a permis de mieux gérer cette étape difficile. Christian Hanser a pour sa part transformé une vieille roulotte en un coffre au trésor rempli de jouets en bois datant de son enfance. Toute personne qui le souhaite peut venir jouer et s’immerger dans ses souvenirs. Une réalisatrice de cinéma travaille avec des personnes atteintes de démence dans un EMS. À Berlin, la troupe Playback-Theater Tumoristen aide des personnes ayant une tumeur à gérer leurs émotions. Toutes ces formes de la narration et du souvenir sont extrêmement bénéfiques.
Que provoque la narration au fond de nous?
Le récit crée de la proximité et du respect entre les personnes. Lors d’un café-récits par exemple, les personnes passent du temps ensemble, clarifient leurs pensées et voient des souvenirs individuels se transformer en trame narrative. Après un café-récits, je suis aux anges pendant deux jours, car j’ai entendu de magnifiques histoires de personnes que je ne connaissais pas auparavant.
Est-ce que vous écrivez des histoires de vie?
Oui, j’ai par exemple rédigé la biographie de ma belle-mère. Nous avons beaucoup apprécié ce temps passé ensemble à nous rappeler des souvenirs et à nous écouter. Il en est résulté un petit livre que je lui ai offert. J’aime tout particulièrement la transmission orale de récits, car elle se caractérise par une certaine légèreté. Il n’est pas toujours nécessaire de tout coucher par écrit. La légèreté de la transmission orale attire particulièrement les femmes.
À ce propos: pourquoi les cafés-récits attirent-ils plus de femmes que d’hommes?
J’ai fait le même constat en tant qu’animatrice de cafés-récits. Je pense que les femmes se sentent bien dans un espace où il ne s’agit pas de se mesurer. Elles apprécient que les cafés-récits soient axés sur une expérience commune, que le thème y occupe la place centrale et non la question de savoir quelle histoire est la plus intéressante.
Quels sont les objectifs de votre association zur Förderung lebensgeschichtlichen Erzählens?
Les six membres fondatrices de l’association ont constaté que la méthode du récit de vie était méconnue et que la valeur de l’écoute est très souvent sous-estimée au quotidien. Nous désirons changer cet état de fait en soutenant et donnant de la visibilité à un maximum de projets liés à des récits de vie. C’est pourquoi nous organisons de nombreuses manifestations, par exemple une rencontre thématique, le 19 mars 2022, qui sera consacrée à l’élaboration d’une biographie au fil d’un dialogue: des récits de vie de «personnalités publiques».
Portrait
Lilian Fankhauser est chargée de l’égalité homme/femme à l’Université de Berne. Pendant son temps libre, elle s’engage comme animatrice au sein du Réseau Café-récits suisse et propose des ateliers sur les bases théoriques et les méthodes de la narration de récits de vie.
À la suite du CAS «Lebenserzählungen und Lebensgeschichten» (Récits de vie et accompagnement biographique) à l’Université de Fribourg, elle a fondé, avec ses camarades d’études, une association qui encourage la narration de récits de vie (Verein zur Förderung lebensgeschichtlichen Erzählens). Sur leur site Internet, elles publient le calendrier de leurs manifestations, proposent des conseils et mettent leurs membres en contact. Elles sont actives en tant que conseillères et coaches pour d’autres institutions et documentent, sur demande, des histoires de vie.
L’effet thérapeutique des cafés-récits
Kerstin Rödiger, aumônière à l’Hôpital universitaire de Bâle et animatrice de cafés-récits depuis plusieurs années, décrit dans un article comment la méthode du café-récits est utilisée à l’hôpital et ce qu’elle parvient à atteindre.
Le 27 août 2021, un pavillon des femmes, situé dans l’idyllique Stadtpark de Saint-Gall, a accueilli un café-récits des générations. Les animatrices, Fabienne Duelli, du Centre de liaison des associations féminines des deux Appenzell, et Rhea Braunwalder, ont discuté des 50 ans du suffrage féminin en Suisse avec 24 participantes et un participant.
Fabienne Duelli, ce sujet d’actualité a attiré beaucoup de monde au pavillon des femmes.
Fabienne Duelli
Fabienne Duelli: oui, 24 femmes et un homme – le partenaire de l’une des participantes – ont fait le déplacement. J’ai été très heureuse de la présence de femmes de 20 à 70 ans, et de trios grand-mère – mère – fille.
Qu’est-ce qui a fait la particularité de ce café-récits?
Nous avons pris place en deux cercles selon le principe de la «fishbowl conversation»: un cercle intérieur composé de deux animatrices et de trois participant·e·s et un cercle extérieur composé d’invité·e·s et de proches. Dans le cercle intérieur, nous avons échangé sur la condition féminine et sur la façon dont nos droits et nos responsabilités ont changé au cours des cinquante dernières années. Le cercle extérieur a également été inclus dans la conversation. La très grande majorité des personnes ont fait part d’une histoire ou d’une réflexion personnelle.
Quelle anecdote vous a particulièrement touchée?
La question préliminaire était: «Quel âge as-tu le sentiment d’avoir aujourd’hui?» Une femme a déclaré qu’elle se sentait systématiquement vieille lorsqu’elle devait saisir son âge dans les applications en ligne, puis faire défiler la liste jusqu’à son année de naissance. C’était également très beau d’entendre les femmes raconter ce qu’elles ont ressenti lorsqu’elles ont été autorisées à voter pour la première fois.
Qu’est-ce qui vous a surprise?
Que les jeunes femmes aient eu du mal à croire qu’il y a cinquante ans, une femme avait encore besoin du consentement de son mari pour postuler à un emploi. Les jeunes femmes d’aujourd’hui n’ont plus, ou que très peu, conscience de l’engagement des pionnières des droits des femmes.
Comment les jeunes femmes pourront-elles s’impliquer au cours des cinquante prochaines années?
L’objectif de ce café-récits était d’encourager les femmes à défendre leurs droits, mais aussi à assumer leurs responsabilités. Cela signifie que les jeunes femmes devraient également s’impliquer activement dans les questions politiques et ne pas partir du principe que quelqu’un d’autre se battra pour elles. À cet égard, le café-récits a également été une révélation, car il a montré qu’en 2021, il existe encore des discriminations subtiles, que ce soit sur le marché du travail, dans la vie quotidienne ou dans la relation de couple.
ETH-Bibliothek Zürich, Bildarchiv / Fotograf: Gerber, Hans / Com_L15-0200-0001-0001 / CC BY-SA 4.0
Série d’événements à l’occasion des 50 ans du suffrage féminin
Le café-récits des générations a été proposé par la Ligue catholique des femmes de SG/Appenzell et les Centres de liaison des associations féminines de Saint-Gall et Appenzell Rhodes-Extérieures. Il a eu lieu le 27 août 2021 dans le cadre du 50e anniversaire du suffrage féminin en Suisse (voir aussi le flyer). Ses créatrices ont bénéficié d’une mesure de soutien pour la mise sur pied de ce café-récits stimulant.
50 – 50 – 50
À l’occasion des 50 ans du suffrage féminin en Suisse, cinquante femmes photographes se sont associées pour porter un regard national sur la place de la femme. Cinquante femmes photographes ont réalisé le portrait d’une femme de leur choix. La publication a été notamment soutenue par le Pour-cent culturel Migros.